6 juil. 2010

Interview BARON RETIF & CONCEPCION PEREZ sur SONOTOWN

Merci a SONOTOWN qui a merveilleusement interviewvé notre DUO préférré !!


Dernière trouvaille du label Musique Large, Baron Retif & Concepcion Perez sortiront leur premier EP en septembre prochain. Ils étaient présent lors de notre soirée au Trabendo pour un vrai live keys & drums avec Sami Abelcain Aloulou (The Ursula Minor) au micro & co. On en a profité pour les droguer, les faire jouer chez nous et leur poser quelques questions.

Amical Cannibal mix by Concepción Pérez by addisqt

Bon alors, première question, la plus évidente : le pourquoi du comment Baron Retif et Concepcion Perez ?

Baron Retif : Vas y demande à Concepcion Perez, on fera Baron Retif après.

Concepcion Perez : Parce que c'était le nom de ma grand mère.

Développe un peu. C'est une sorte de référence, une forme d'hommage ? Ça sonne un peu portugais.

Perez : Nan déjà ça sonne un peu espagnol Concepcion, parce qu'à certains égards c'est la femme la plus importante de ma vie. Elle me chantait à l'oreille quand j'étais petit et je pense que ça a joué.

Elle t'as initié un peu ?

Perez : Nan, mais elle chantait. Pas si fréquemment que ça, mais ca me rendait bien fou. Son nom je le trouve super beau même si je ne l'ai jamais connue sous ce nom là. Pour moi elle s'appelait Conchita Valero.

Et donc Baron Retif ?

Baron : Pas Baron(e) déjà. Tu l'espagnolise aussi. Oui en fait c'est le nom de mon grand père. Il ne chantait pas par contre. Baron Retif c'est tout simplement un espèce d'anagramme de mon nom de famille. Mais je suis Baron pour de vrai quelque part. D'empire, par les armes, Napoléon tout ça, les armoiries. Et Retif parce que je suis assez réticent de nature.

Tu râles ?

Baron : Non je rétife. Je ne râle pas.

Parlons un peu de votre manière de travailler. Baron à la batterie et Perez aux claviers et aux machines ?

Perez : Non pas de machine, que du clavier.

Baron : Moi à la rigueur j'ai une petite machine. Mais ça c'est pour le live, la manière dont on fabrique nos morceaux n'a rien à voir. A la base on joue tous les deux du clavier. On n'a pas réellement de formule, chaque morceau est conçu de manière différente.

Artisanale ?

Baron : Il n'y a pas de processus particulier. On fait des trucs de plein de manières différentes. Ce projet s'est monté en studio sans le moindre ordinateur. On ne veut pas séquencer des trucs, puis retoucher les prises. On enregistre tout comme ça se fait, comme si protools n'existait pas, en mode overdub.

Perez : C'est quasiment que de l'overdub. On enregistre une prise de batterie, un beat, on balance une basse par dessus, puis un clavier, ainsi de suite. En fait la question c'était comment faire pour tout reproduire en live ? Du coup on a dû tout repenser en fonction quitte à simplifier ou faire carrément d'autres trucs.

Baron : Le challenge était de passer d'un morceau où il y a huit éléments en même temps, comme si nous étions un groupe, à un live à deux. D'où des structures simplifiées batterie / clavier. Pour parler juste du process, jouer un peu d'instruments sur un truc qui tourne derrière ce n'est pas du tout ce qu'on aime faire ou entendre. On joue comme on jouerait du jazz ou du rock, au tempo que l'on veut. On peut accélérer ou ralentir sans être asservis par la machine.

La dernière fois au détour d'une discussion, Débruit évoquait l'idée de changer un peu sa manière de travailler, avec un orchestre, de vrais musicien.

Baron : On a toujours envie de faire de nouveaux trucs. Nouvelles idées, nouvelles envies. Mais cette démarche de musiciens electro qui consiste à prendre des musiciens pour rajouter quelque chose à leur sauce, on ne peut pas l'avoir. A la limite on pourrait travailler avec des gens qui font de l'électronique, qui bidouillent. La démarche de jouer un truc en philharmonique, avec des arrangements, pourquoi pas mais ce n'est pas d'actualité.

Perez : On est tout les deux multi instrumentistes donc on n'a pas forcement besoin de s'adjoindre qui que ce soit. Et puis produire à deux c'est aussi une forme de liberté.

Baron : On a plein d'instruments en studio et si quelque chose nous passe par la tête on le fera nous mêmes. Plein de types de claviers électriques, électroniques, electro acoustique, des percussions... des basses, des guitares même si on n'en joue pas trop. On a déjà enregistré des morceaux avec du sax, de la trompette, des trucs que personne n'a jamais écouté, même pas Rekick ( Musique Large ).

On a fait des trucs à la limite de la pop orchestrale instrumentale avec des arrangements de cuivre, comme ça, simplement parce qu'on avait envie de le faire. Après on ne cherche pas à avoir d'autres instrumentistes à nos cotés. On chercherai plutôt des rappeurs, des chanteurs, même s'il faut savoir doser.

Produire un rappeur ?

Baron : Carrément. On a plein de mecs avec qui on aimerait faire des trucs mais les featurings à venir sur Musique Large ne correspondent pas à cette démarche. On a bossé avec Tita Lima, une chanteuse brésilienne, sur un titre. On a envoyé la piste au Brésil, c' est très bien et c'est très beau. Reste à mixer le truc et ce sera parfait. On a enregistré un truc au Brésil sans le faire exprès en quelque sorte. Si ça nous plait on y va.

Et un rappeur français ? Je dis ça simplement parce que j'ai l'impression que n'importe quel producteur français se tournera plus naturellement vers un rappeur sud africain, new yorkais ou anglais que vers un MC de l'hexagone.

Perez : Si Booba est chaud pourquoi pas !!! Pfffff le rap français tu pourrais faire un article sur Sonotown juste la dessus. Il y a un tel complexe en France par rapport au rap, c'est horrible. J'espère que ca ira mieux dans quelques années. Quand tu vois le rapport que les anglo saxons entretiennent avec cette musique, le décalage est énorme. Ici en France dès qu'un mec rap en français, les gens ont l'impression qu'ils vont se faire voler leur carte bleue. C'est n'importe quoi, alors que c'est juste de la musique. Aujourd'hui tout le monde s'habille en punk il suffit de voir les petits schlags de Saint Germain : pantalon retroussé, alors que le fossé n'est pas si énorme dans le fond. Un jour la mode ce sera les rappeurs français.

Baron : On ne cherche rien en fait. Le truc avec Tita Lima s'est fait naturellement par exemple. Ce n'était ni une obsession, ni une volonté affirmée. On est pas trop génération 2.0, on ne va pas sur les réseaux sociaux à la recherche de featuring ou de ce genre de chose. On fait les choses naturellement en compagnie de ceux avec qui on a vraiment envie de travailler. On ira pas chercher un rappeur sud africain, juste parce que c'est classe ou que c'est la coupe du monde. Et puis on connait assez de monde pour que ça vienne sans prise de tête. On croise des mecs qui rappent et avec qui on a envie de bosser, et avec qui on va le faire.

Perez : On écoute plein de trucs et on est toujours entrain de fantasmer sur des mecs inaccessibles. Alors pour finir on cherche déjà ce qu'on pourrait faire tous les deux, c'est déjà pas mal. Cela dit on travaille assez rapidement et on a déjà pas mal de tracks déjà faites. Du coup quand un truc se présente on a toujours un truc a finir, à proposer.

Votre chanteur, Sami, vous l'avez trouver où ?

Baron : C'est Perez qui l'a rencontré à paris.

Perez : J'ai vu un concert de son groupe de rock à Tunis, Ursula Minor. J'ai pris une grosse claque en le voyant chanter et faire son show, d'où l idée de faire un truc avec lui.

Question relativement classique autour de vos influences musicales. On imagine forcément une culture hip hop, mais pas seulement ?

Perez : Je me dit que c'est une question qui ne se pose plus vraiment en 2010. N'importe qui maintenant a des influences un minimum éclatées. Après les seuls influences que l'on peut évoquer sont celles des gens de notre génération. On a écouté de la dance de merde dans nos premières soirée. On a écouté du rap en se disant c'était la musiques des rebelles, parce que le punk était déjà un truc de vieux. On écoute vraiment des milliards de trucs différents, pour peu que le résultat soit authentique. Peu importe le genre, le support. Moi évidemment j'écoute des tonnes de rap depuis que je suis gamins. Des prods actuelles parce que je commence à faire le tour des vieux trucs. Moi Booba j'adore. Du début à maintenant il reste fidèle. Il est dans sa démarche et il n'y a pas de soucis ça marche. Après évidemment on est particulièrement à l'écoute des trucs du beat, Baron Retif & Concepcion Perez oblige.

Baron : Paradoxalement de moins en moins d'ailleurs.

Perez : Ça au milieu de tous le reste. C'est un truc cool qui se fait en ce moment. J'écoute tout autant de minimal et je n'ai pas forcement envie d'en faire pour autant.

La minimale n'est ce pas la démarche opposé de votre façon de travailler ?

Perez : Si mais ça on s'en fout. Parce que je te dis que j'aime tout. Après j'en ferais pas. J'aime les trucs tout midi, j'aime les disques de jazz de 1950 où les sons sont pourris et où tout est enregistré avec un micro pour 6. L'essentiel c'est que tu sentes que les mecs ont fait ça avec leur ….

Tu as déjà parlé de ton amour pour la minimale et Booba à Rekick ?

Perez : Faut pas lui dire.

Baron : Moi j'écoute beaucoup de rock, du jazz. De l'indie rock, du Rockabilly, et même un peu de post rock des fois. Enfin si ca veux encore dire quelque chose

Un format de concert qui vous ferait triper ?

Perez : Ce qui nous faudrait pour ce week end c'est trouver un putain de toit terrasse. Et foutre un petit soundsystem pas méchant. Un Roof Top mais il va falloir changer de ville pour ça.

Baron : Moi ce qui me ferait triper ce serait par exemple jouer hors de France !!! Europe de l'est, peu importe. Ne pas jouer devant des français ça ne nous pose pas de problème. On ne chante pas et encore moins en français. On s'en fout du coup.

Perez : On est hyper exigeant... un peu rétif. Sans parler de musique, jouer dans des endroits où il y a de la pisse partout, plein les chiottes, où ca pue et où c'est sale ça nous fait chier. Moi je jouerais bien dans un endroit où tout est propre, où les gens sont beaux et se tiennent bien.

Baron : Moi je vois pas trop ce qui se passe autour de moi quand je joue. La gueule dans le guidon. On a mit super longtemps à avoir envie de jouer devant des gens. Plein de projets, 5 ans de cave et plein de trucs avant, des mixtapes sous le nom d'addisqt. On a sorti quelques trucs mais en mode confidentiel à fond. Il n'y avait pas trop l'envie de le faire live, pas trop de possibilité non plus en fait

Perez : A l'époque c'était un projet avec des machines et ça nous plaisait pas trop en live.

Vous avez une quelconque formation de musiciens, d'instrumentistes ?

Baron : Oui et non pas vraiment. J'ai joué du jazz parce que j'en écoutais. On a pris des cours quand on était petit mais on a jamais fait le conservatoire.

Perez : Oui. Et ça fait surtout 12 ans qu'on joue ensemble. C'est kinesthésique maintenant !

Vous vous connaissez depuis quand ?

Baron : Le collège, 15 ans.

Il y a des groupes dont vous vous sentez proche ? Musicalement ou bien dans la manière de travailler.

Perez : Au niveau de la démarche et de ce qu'on nous recherchons en premier, et si tu veux des noms, je citerais El Michel Affair . Il jouent des instruments et c'est un groupe de funk pour faire simple. Leur album de reprises de 36th Chamber du Wu Tang est juste démentiel. C'est un disque d'instrumentales, de reprises de morceaux hip hop produits a la MPC et aux samples. C'est répétitif et ça envoie du pâté mais avec un son de fou. Avec du coffre, pas un son carton bien home studio.

Baron : C'est cool à jouer, c'est marrant à voir et t'as pas besoin de rappeur pour faire le truc. Les groupes lives que je trouve géniaux n'ont rien à voir avec les mecs du beat. Pour le rock ce serait Thee Oh Sees en jazz Build An Ark, deux groupe qui n'ont rien à voir. D'un côté un collectif de 15 musiciens genre jazz cosmique complètement pété, de l'autre un groupe rockabilly super simple mais avec un truc de fou.

Et dans la vrai vie, celle qui remplie le frigo, vous faites quoi ?

Baron : Je suis music supervisor, j'ai une agence à moitié à moi qui s'appelle Almost Musique . C'est un genre de label, agence de promotion et de musique à l'image. En gros je cale des musiques qui existent déjà sur des films qui n'existent pas encore. On produit quelques disques aussi et on représente pas mal de gens en France comme Iswhat?!, rappeur de Cincinnati ou The Daredevil Christopher Wright groupe de rock du Wisconsin. Mount Kimbie de Londres, ou encore Kindred Spirits, un super label des pays bas.

Perez : Moi je suis architecte. C'est à dire que je dessine des traits absolument droit, et j'essaie de faire des boites dans lesquels les gens puissent vivre.

Bon et Musique Large dans tout ça ?

Baron : Ça se passe très bien avec Musique Large. C'est à peu près le seul label avec qui on aurait eu envie de bosser si on avait eut le choix, mais on a pas eut le choix !!! On les connaissait avant de les rencontrer et le hasard à bien fait les choses.

Perez : C'est vraiment une moitié de blague en fait. On savait même pas que c'était français.

Baron : On a été introduit à Musique Large par un autre label, orienté jazz, Heavenly Sweetness . C'est eux qui nous ont présenté à Musique Large : «Nous proposez pas vos trucs aller plutôt voir chez eux». De là on a amadoué Rekick à cout d'entrecôtes. Il s'en est mis partout et depuis on est pote.

Ça colle étonnamment bien au truc.

Baron : Moi j'appréciais déjà particulièrement leur son. On a pas cherché de label en fait. Sans Musique Large on serait encore probablement dans notre cave à faire notre bidouille. On est déjà bien content de pouvoir le faire, le label, ce label, c'est juste la cerise sur le gateau. Les gars sont mortels. On les aime bien tous.

Sauf ?

Baron : Je connais pas Ghislain Poirier et musicalement je suis pas fan.

Perez : Moi il y a des trucs que j'aime bien, pas forcement sur Musique Large d'ailleurs. Il n'y a rien à dire de mal sur Musique Large en fait. Pour l'instant !!

Une sortie voire des sorties disques de prévues ?

Perez : C'est surtout un 45 tours avant la fin 2010. C'est des choses qui prennent du temps et comme ils font les choses tranquillement et que nous aussi, c'est parfait. On a les morceaux qu'il faut, mais encore un peu de boulot de finition.

Baron : A priori le calendrier idéal c'est un 45 fin 2010 avec un remix de Slugabed. Un EP de prévu pour le printemps 2011, voire un album en septembre 2011. Là c'est du domaine de la projection. Et puis du live, du live et du live.

Perez : Jouer jouer jouer. On en profite d'ailleurs pour annoncer aux 3 pelos qui liront l'interview que nous serons en concert au Mama Shelter le 13 Juillet. Un endroit bien propre qui ne sent pas la pisse.

Baron : On a fait une snippet avec certains de nos morceaux. On a joué tous nos morceaux enchainés live histoire de faire tourner un peu. On va se servir de ça pour jouer où on veut … parce qu'on a pas trop envie de jouer où on peut. Par exemple on veut jouer au Trabendo dans une soirée Sonotown. Quoi que on se testerai bien dans des clubs un peu a la con histoire de voir.

Perez : On s'est démerdé pour que la formation live ne soit pas trop contraignante, de manière à pouvoir passer après un Dj sans avoir à déménager la salle. On a pas besoin de grand chose qu'on apporte pas. L'idée de live vient de là. Il nous faut des enceintes, une grosse caisse, une console et basta. On espère quelques collaborations avec d'autres mecs de Musique Large.

Baron : Complètement ouvert. Il est question que Débuit remixe un de nos morceaux, un de nos premiers d'ailleurs. Avec Fulgeance on va probablement essayer de jouer ensemble. Lui joue vachement live aussi, même si il joue sur des machines. Il imprime ses beats a la main. On se sent assez proche de ça.

Perez : En même temps tout ça c'est frais. Ça doit faire tout juste un an. C'est des choses qui se mettent en place petit a petit. Fulgeance produit des morceaux dans lequel il utilise des beats que Baron Retif a enregistré. C'est un bon début.

Un mot sur Rekick

Un inconnu : Nous on dit gros quick. Mais je m'en fou il m'appelle «la Baronne».

Quelqu'un d'autre : Il aime pas qu'on lui dise qu'il est gros parce qu'en fait personne ne s'en aperçoit. Faut pas le dire.

Un passant ivre : Trêve de plaisanterie c'est un excellent DJ et c'est vrai que de ce point de vue là il est assez svelte.

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